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Cinq poèmes de Baudelaire - Vincent Minazzoli

Pour voix et piano

21,10 €
mode d'édition (version PDF réservée aux particuliers) :
K422part
Description du produit

Cinq poèmes de Charles Baudelaire - Vincent MINAZZOLI (né en 1960)
extraits des Fleurs du Mal


I. Spleen
II. L'Albatros
III. Tristesses de la Lune
IV. Élévation
V. La Beauté

 

Durée : 19'30

 


Il n’échappera ni à l’interprète, ni à l’auditeur, que ce cycle de mélodies s’inscrit dans une tradition musicale que l’on dirait aujourd’hui « d’un autre temps ». La raison en est qu’en 1978, à l'époque où je composai « L'Albatros », bien que trop jeune encore pour être sujet à la nostalgie du passé, et sans rien ignorer - ou presque – de l'avant-garde du moment, la musique qui m'habitait alors (en particulier celle des post-romantiques germaniques, comme des Français du tournant des XIXe et XXe siècles), loin de représenter le simple héritage d'un passé désormais révolu, constituait mon présent musical le plus proche et le plus vivant, où se reflétaient les aspirations et les idéaux de ma sensibilité musicale la plus intime.


Il est donc naturel que cette mélodie témoigne de cette double influence, par l’emploi d’un langage qui s'imposait à moi comme le plus apte à exprimer celui que j'étais alors, ainsi qu'à traduire ma vision du poème, en même temps qu'il me semblait receler de multiples richesses encore à découvrir. En outre, ce poème suscitait en moi le désir d'une évocation de la mer, non pas la mer calme et idéalisée, presque abstraite, du Fauré de L'Horizon chimérique, mais un océan de tempête, sombre et agité, dont les soubresauts, les chocs, les déchaînements, donneraient lieu à un déferlement de multiples lignes de forces, contraires ou rassemblées, ce qui en la matière, avait été l'apanage quasi-exclusif de l'orchestre.


Retrouvant, dix années plus tard, cette partition que ma conscience de la perspective historique avait condamnée à demeurer dans l'ombre d'un tiroir, je la considérai d'un regard plus objectif, qui, faisant abstraction de son anachronisme, m'incita à en réviser totalement la partie de piano, sans rien changer à la mélodie, ni à la structure harmonique. Cette révision effectuée, et m'étant replongé dans la lecture des Fleurs du Mal, l'idée d'un cycle s'imposa peu à peu à mon esprit.


La principale difficulté fut alors pour moi de revenir à un langage suffisamment proche de cette mélodie – bien que moins explicitement tonal – pour éviter une trop grande disparité. C’est non sans surprise que je réalisai que tout un matériau encore inutilisé dont je disposais (mélodique, harmonique, pianistique) trouverait un emploi tout indiqué à la transposition musicale des poèmes sur lesquels mon choix s’était arrêté, comme si celui-ci s’était établi à mon insu depuis longtemps.

 

Une fois les mélodies achevées, je me décidai pour un ordre, non pas suivant la chronologie de la composition, mais alternant les pièces lentes et les plus mouvementées. Ce n'est que bien plus tard que je m'aperçus qu'ainsi constitué, ce cycle proposait un cheminement, opérant graduellement le passage de l’un à l’autre, entre le « Spleen » et l’«Idéal », les deux pôles opposés de l’inspiration baudelairienne, qui donnent son titre au volet principal des Fleurs du Mal : à l'angoisse suffocante de « Spleen », « l'Albatros » répond par un sursaut d’énergie mêlant orgueil et révolte, par lesquels le poète affirme sa singularité face aux lazzis d'une société hostile. Condamné à la solitude, il trouve refuge et complicité dans une communion avec la nuit dans « Tristesses de la lune ». Cet apaisement est ensuite transcendé par la totale libération de l'esprit, délivré de toute pesanteur, dans la jouissance quasi-physique que décrit « Élévation », pour s'abîmer enfin dans la contemplation extatique de « La Beauté » éternelle et immuable, suprême figure de l'Idéal.

 

Sans prétendre à la nouveauté, pas plus qu'elles ne répondent à un sentiment de nostalgie du passé, puissent ces mélodies être de dignes échos de l'œuvre du poète, et les faire résonner dans l'esprit et le cœur de l'auditeur.


Vincent Minazzoli


(D’après le texte accompagnant le disque consacré aux mélodies sur des poèmes de Baudelaire « Comme de longs échos... » paru sous le label Maguelone (MAG 358.424), avec la mezzo-soprano Marie Kalinine, la soprano Marie-Laure Garnier ainsi que Vincent Minazzoli au piano, dont le cycle a été créé en 1997 par la mezzo-soprano Marie Kobayashi et le compositeur au piano).

 

Critique d'Opéra Magazine

 

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